Lyrics

Le sablier de Dieu crache un sable lourd,
Grains de suie collés à nos paupières ouvertes.
Chaque seconde est un couteau qui coud
Notre linceul aux plis de nos chemises vertes.

Nous dansons, marionnettes aux os fragiles,
Sur un théâtre de brume où saigne l'encens.
Le Temps, ce maquignon aux sourires agiles,
Vend des rêves en or... payés en sang.

La Mort n'est point faucheuse, mais sculpteur morose :
Elle taille dans le vif, sans croquis ni pitié,
Jusqu'à ce qu'il ne reste - ô métamorphose! -
Qu'un bloc de silence au cœur définitif.

Nos rires sont des clous plantés dans l'eau dormante,
Nos amours, des miroirs brisés par le gel blanc.
L'éternité se moque, ombre indifférente,
De nos doigts qui se crispent sur leur néant.

Prends garde au tic-tac sourd derrière tes côtes :
C'est le bourreau patient qui lime ton barreau.
Chaque battement creuse, en notes idiotes,
La fosse où choiront tes dieux de carton pâle.

Minuit viendra, sans lune et sans clémence,
Éteignant d'un souffle nos lampes de hasard.
Reste ceci : l'atroce et vaine evidence
Que nous portions la mort comme un fruit trop mûr.

L'heure est un vautour aux serres de brume
Qui dévore demain dans son bec de poison.
Ne cherche point de sens aux os qui s'allument :
La vie n'est qu'un long saignement de saison.

Et quand l'ultime grain tombera dans le vide,
Quand le mécanique aura mangé son ressort,
Il ne restera plus - suaire livide -
Que l'écho du néant... dans le crâne du mort.